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Je profite du fait que je suis connecté avec un débit relativement confortable (pour une fois) pour vous colorer quelques pixels :

Pour commencer, les copains et moi on a deux rendez-vous échiquéens réguliers par semaine, le samedi après-midi au Centre Culturel Français et le mercredi après-midi à la fac, dans une zone où il y a des petites buvettes, même qu’on peut y acheter du kossam (yaourt liquide, on trouve à peu près le même au Niger) :

au boulot

Ensuite je vous mets deux photos de Yaoundé, le centre-ville et l’hôtel Hilton et puis une place de la ville, ornée de drapeaux ce samedi. En effet hier c’était la fête nationale, on en profite pour rester bien sagement à la maison mais si alors on allume la télé, on voit des gens marcher au pas en agitant régulièrement les bras devant un président fatigué d’être là, depuis de trop nombreuses années qu’il regarde les mêmes zouaves. Bref, on zappe bien vite sur National Geographic Channel pour suivre un reportage sur les mangoustes rayées, c’est nettement plus intéressant.

hilton yao_en_fete.jpg
Enfin, une image de feuilles de bananier sous la pluie, juste devant la maison :

bananiers sous la pluie

En ce moment à la maison on a plein de coupures d’eau, typiquement ça se produit à chaque fois qu’il y a une grosse pluie, et ça peut durer plusieurs jours ! En fait c’est typiquement camerounais : on fait les choses n’importe comment et on n’entretient pas. Explication : dans notre cas le tuyau alimentant une demi-douzaine de maisons passe au beau milieu d’une rigole charriant les eaux de pluie et les eaux usées en provenance du haut de la colline sur laquelle on se trouve.  cf photo. La conséquence en est qu’à chaque forte pluie, l’égout à ciel ouvert se remplissant, la force du flux casse systématiquement le tuyau, et c’est reparti pour une paire de jours passés à remplir des seaux et à utiliser l’eau avec FanfouéParcimonie.

broken pipe

Hello,

Comme promis, j’égaye un peu ce blog en y mettant la vidéo (tronquée, pour le moment je n’ai pas réussi à la publier en intégralité, les serveurs FTP de chez Free ne reconnaissant pas la commande REST pour redémarrer un transfert interrompu) de notre passage chez Nadine, une cousine qui a accouché récemment. On lui apportait le nkui (la sauce rougeâtre et extrêmement visqueuse que mangent les femmes) alors que moi je goûtais au taro qui nous attendait déjà là-bas. Il s’agit d’une sorte de purée douceâtre (décidément, les adjectifs en -âtre, ce matin j’apprécie) faite à partir d’un tubercule.

Régalez-vous ! :-)

Liens : vidéo “JB mange” (complétée depuis la date du post, elle fait 33 Mo).

Une autre, où je me mets à mon tour au nkui, vraiment assez difficile à manger (18 Mo). Le nkui se prépare à partir de la sève qu’on extrait d’une écore d’arbuste (ou d’arbre, je ne sais pas). Au goût, on sent à la fois une pointe d’amertume et un côté légèrement sucré :-)

À la fin du mois je serai à Nairobi pour une conférence en bioinformatique avec mon futur maître de thèse, Olivier Gascuel. C’est du 28 mai au 2 juin, et je ne rentrerai à Yaoundé que le 5 juin, ce qui me laissera le temps de visiter au moins un parc naturel au Kenya :-)

J’essaierai de prendre des photos avec mon compact numérique, mais je pense quand même privilégier mon reflex argentique…

Ma première expérience d’une salle de cinéma sur le continent africain :-) J’ai passé la (double ) séance en compagnie des petites souris du ciné, je les ai vu trotter dans une travée juste devant moi. Assez originale, la salle : sièges déglingués, souris dont on a du mal à savoir au début s’il s’agit d’une souris ou d’un master cafard, et puis pour couronner le tout les films sont systématiquement en VF. C’est un peu désolant d’aller voir “Adieu Cuba” et “Casino Royale” pour ne pas avoir les voix de Bill Murray ou d’Isaach de Bankolé. C’est vraiment dommage. Et vu la programmation (grosses productions américaines ultra-majoritaires), je ne risque pasa d’y retourner de sitôt !

Ce week-end a aussi été l’occasison pour moi de goûter au “nkui”, un plat traditionnel camerounais élaboré à partir de la sève très gluante d’une plante. En gros si vous tirez un bout de sauce hors du plat, il y a moyen d’emporter la totalité en un long filet visqueux. Manger ça (avec la main, nécessairement) est une vraie gageure ! Photos à suivre…

Il existe un cinéma à Yaouné, l’Abbia. Ils font de temps en temps des séances doubles, donc demain j’irai sans doute voir “Adieu Cuba” et “Casino Royale” (avec Isaach de Bankolé). Bon week-end !

Ce week-end (départ dans la journée) Mado et moi allons à un mariage à Bertoua (cf cartes, lien à droite sur cette page). Ce sera l’occasion de découvrir la province de l’Est, immense. C’est la plus vaste réserve forestière. Au menu faunistique d’une excursion sans doute pour dimanche : gorilles et autres singes, avec un peu de chance. Peut-être aurons-nous aussi l’occasion de nous rendre dans un village de Pygmées (qui ne sont pas tous petits, contrairement à ce que l’on croit souvent).

Bon week-end et bon 1er mai ! Ici le lundi est ferié, c’est-à-dire que le pont est officiellement chômé.

Il y a deux ans jour pour jour, le 24 avril 2005, les Togolais votaient eux aussi pour élire leur président. Après le décès brutal, début février 2005, du général-dictateur Étienne Eyadéma, les Togolais pensaient tenir pour de bon l’occasion rêvée de laisser derrière eux près de quatre décennies de brutalités militaires, de violences policières, de parti unique tout-puissant, de répression de l’opposition, de gabegie et de corruption à tous les niveaux d’un état vérolé et ethnicisé.

Hélas, les élections présidentielles du 24 avril 2005 ont été l’occasion pour le fils du président-dictateur et pour les généraux sanguinaires des Forces Armées Togolaises de montrer que le vieux singe n’était plus indispensable à la perpétuation du climat de violence et de terreur qu’ils faisaient régner avec lui. Après des fraudes massives (bourrage ou vol d’urnes, fausses cartes d’électeurs, nombreuses irrégularités dans le fichier électoral, commissions locales sans présence d’observateurs de l’opposition, etc), les Togolais ont assisté horrifiés aux descentes de paramilitaires cagoulés dans les rues de la ville, aux couvre-feux sanglants et aux “éliminations extra-judiciaires”, comme on dit. De l’avis de plusieurs observateurs togolais ou internationaux, la répression d’avril-mai 2005 a fait plusieurs centaines de morts au Togo et des milliers de réfugiés.

C’est un bien triste anniversaire pour les Togolais, et au-delà pour tous ceux qui croient au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, aux idéaux de liberté et d’égalité. C’est assurément un jour de deuil pour tous ceux qui, de par le monde, continuent de se battre aux côtés de ceux qui sont tombés en ces jours sanglants, pour la démocratie, la justice et la liberté.

Lien : http://togo24avril.free.fr/

La surprise tant attendue n’a donc pas eu lieu. Le “vote utile” a fait mouche, laminant au passage les votes à l’extrême-droite et à l’extrême-gauche, famille à laquelle j’appartiens. On va avoir droit à ce duel que les journalistes et les instituts de sondage nous ont tant vanté, jusqu’à Jean-Marie Colombani, rédac-chef du Monde, qui s’extasiait hier dans les colonnes de son journal, criant haut et fort qu’on avait là un “sursaut démocratique” et une réaffirmation de la part des français qu’ils “sont décidés à reprendre leur destin en main” (je cite de mémoire).

Tissu d’âneries. Ce n’est pas un signe parfaitement réjouissant que l’on retrouve aujourd’hui cette bipolarisation largement factice entre d’un côté la candidate du PS et de l’autre le candidat du parti au pouvoir. Largement factice, parce qu’au delà de bien des différences dans le discours, on sait qu’aucun projet de société réellement novateur ne peut venir de ces deux mastodontes de la vie politique française, tous deux inféodés au pouvoir de l’argent et des multinationales, c’est-à-dire liés comme cul et chemise à l’ordre capitaliste, aux puissances de l’impérialisme économique. Et même si les dirigeants de ces partis se montrent “scandalisés” devant les golden parachutes des Forgeard et compagnie, même s’ils sont allés dire aux salariés d’Airbus “mais c’est terrible ce qui vous arrive là, ah mais heureusement rassurez-vous on ne va pas vous laisser tomber, votez pour nous et on se charge du reste”, ce n’est évidemment que de la poudre aux yeux. D’un côté comme de l’autre de cette hypothétique frontière droite/gauche censée séparer nettement l’UMP du PS, on a toujours voulu rassurer les patrons, on a privatisé à tour de bras (cf les années Jospin), on n’a jamais mené une politique qui critique ouvertement le capitalisme.

C’est donc un peu d’étonnement que j’ai entendu ma candidate Arlette Laguiller appeler très rapidement à voter pour Ségolène. Avec le très faible score que nous avons réalisé, l’atterrissage est brutal. Après réflexion, je voterai moi-même sans doute pour Ségolène au second tour. Comme elle l’a dit, ce sera sans aucune illusion et uniquement pour faire tout mon possible pour éviter que Nicolas Sarkozy n’arrive au pouvoir. Quel “renouveau” pourrait-on attendre de Ségolène Royal, elle qui fut ministre de Mitterrand, elle qui s’est entourée de Jean-Louis Bianco comme directeur de campagne et d’un tas d’anciens ministres et autres “éléphants” du parti ? Et elle ose laisser sortr de sa bouche (tout comme l’autre prétendant, d’ailleurs) des mots comme “renouveau”, “nouvelle démocratie”, etc ?

Vu d’ici, le cirque politique français n’est pas tellement moins hypocrite que l’arène bestiale de nos dictateurs africains…

Ségolènement vôtre, comme dirait l’autre :-\

Comme je le disais, samedi après-midi je me suis retrouvé à jouer au CCF, mais j’y suis arrivé relativement tard (17h passées je crois, nous fêtions les sept ans de Joan, la fille de Mado), et donc en en sortant à 20h j’ai invité les gars à aller prendre un verre. Ça nous a donné l’occasion de continuer notre petit tournoi de blitz (parties en 5 minutes par joueur) dans une sorte de fast-food où l’on servait des hamburgers très chers (par rapport aux prix d’ici, évidemment), bref un truc pour Camerounais rêvant d’Amérique :-)

On a terminé à 22h et chacun est rentré en taxi. Moi pour la deuxième fois dans mon séjour (la première fois c’était vendredi soir en huit où on est sortis en boîte) j’ai dû sortir du taxi à l’occasion
d’un barrage de police (la nuit, c’est fréquent dans la ville) pour défaut de pièce d’identité. La première fois je n’avais aucun papier sur moi, je n’avais aucun sac et j’avais laissé tout ça à la maison, et après que je suis sorti du taxi (qu’on avait pris en location, donc
le taximan attendait nos instructions) Bassou a négocié avec le flic pour qu’il nous laisse aller, et dans ces cas-là ce n’est même pas vraiment de négociation qu’il s’agit puisque la corruption de ces
petits fonctionnaires de police est un fait répandu et les tarifs connus de la population : 500 F voire 1000 F, selon ce qu’on peut donner, et un peu à la tête du client. Dans mon cas on s’en est donc
sortis pour 1000 F. Après cet épisode Mado m'’a demandé de toujours avoir sur moi la photocopie de mon passeport en conservant toujoursl’original à la maison (de peur que je le perde). Cette fois-ci
l’affaire a donc été un peu différente : j’avais la photocopie sur moi, mais comme elle n’était pas “légalisée” (i.e. certifiée conforme), le flic a trouvé là une nouvelle occasion de me faire descendre du taxi et de m’emmerder. Je ne voulais pas filer 1000 F (même si je les avais), car encourager la corruption c’est mal, et j’ai donc dû appeler Emmanuel, qui est venu avec Mado pour montrer
l’original.

Le pire qui aurait pu m’arriver, s’ils n’étaient pas arrivés assez tôt au barrage de police, c’était de passer la nuit au poste… Et il paraît que les odeurs, la saleté, la promiscuité et la violence potentielle des copains de cellule laisse un souvenir marquant, selon ce qu’on m’en a dit :-\

En m’arrêtant, le flic de samedi soir me disait textuellement : “ce que vous faites là, c’est le désordre (i.e. circuler seulement avec une pièce d’identité photocopiée). Il faut que l’ordre règne”. Un peu plus tard alors qu’il fumait sa clope j’ai failli l’insulter quand il m’a parlé de mon “mépris” pour les lois camerounaises, mais je me suis retenu : j’ai juste rétorqué que je méprisais seulement les gens qui pensent que le seul boulot utile qu’ils puissent faire est de faire “régner l’ordre” de cette façon. Il n’a rien répondu.

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