La surprise tant attendue n’a donc pas eu lieu. Le “vote utile” a fait mouche, laminant au passage les votes à l’extrême-droite et à l’extrême-gauche, famille à laquelle j’appartiens. On va avoir droit à ce duel que les journalistes et les instituts de sondage nous ont tant vanté, jusqu’à Jean-Marie Colombani, rédac-chef du Monde, qui s’extasiait hier dans les colonnes de son journal, criant haut et fort qu’on avait là un “sursaut démocratique” et une réaffirmation de la part des français qu’ils “sont décidés à reprendre leur destin en main” (je cite de mémoire).
Tissu d’âneries. Ce n’est pas un signe parfaitement réjouissant que l’on retrouve aujourd’hui cette bipolarisation largement factice entre d’un côté la candidate du PS et de l’autre le candidat du parti au pouvoir. Largement factice, parce qu’au delà de bien des différences dans le discours, on sait qu’aucun projet de société réellement novateur ne peut venir de ces deux mastodontes de la vie politique française, tous deux inféodés au pouvoir de l’argent et des multinationales, c’est-à-dire liés comme cul et chemise à l’ordre capitaliste, aux puissances de l’impérialisme économique. Et même si les dirigeants de ces partis se montrent “scandalisés” devant les golden parachutes des Forgeard et compagnie, même s’ils sont allés dire aux salariés d’Airbus “mais c’est terrible ce qui vous arrive là, ah mais heureusement rassurez-vous on ne va pas vous laisser tomber, votez pour nous et on se charge du reste”, ce n’est évidemment que de la poudre aux yeux. D’un côté comme de l’autre de cette hypothétique frontière droite/gauche censée séparer nettement l’UMP du PS, on a toujours voulu rassurer les patrons, on a privatisé à tour de bras (cf les années Jospin), on n’a jamais mené une politique qui critique ouvertement le capitalisme.
C’est donc un peu d’étonnement que j’ai entendu ma candidate Arlette Laguiller appeler très rapidement à voter pour Ségolène. Avec le très faible score que nous avons réalisé, l’atterrissage est brutal. Après réflexion, je voterai moi-même sans doute pour Ségolène au second tour. Comme elle l’a dit, ce sera sans aucune illusion et uniquement pour faire tout mon possible pour éviter que Nicolas Sarkozy n’arrive au pouvoir. Quel “renouveau” pourrait-on attendre de Ségolène Royal, elle qui fut ministre de Mitterrand, elle qui s’est entourée de Jean-Louis Bianco comme directeur de campagne et d’un tas d’anciens ministres et autres “éléphants” du parti ? Et elle ose laisser sortr de sa bouche (tout comme l’autre prétendant, d’ailleurs) des mots comme “renouveau”, “nouvelle démocratie”, etc ?
Vu d’ici, le cirque politique français n’est pas tellement moins hypocrite que l’arène bestiale de nos dictateurs africains…
Ségolènement vôtre, comme dirait l’autre :-\