novembre 2006


En ce moment je ne chôme pas, et ça ne risque pas de s’arranger dans un futur proche : hier nous avons eu un conseil de département, et nous y avons décidé que la rentrée effective pour les 18 élèves recrutés dans la nouvelle filière “informatique” (on ouvre un L1 cette année) aurait lieu… lundi prochain, 8h :-)

La rentrée officielle de la fac avait lieu le 22 novembre dernier, comme l’indiquait un mot du doyen de l’université affiché quelques jours avant sur les panneaux des différents départements et transmis pour diffusion à l’ORTN, c’est-à-dire la radio-tévé nationale… C’est marrant, le soir après le JT il y a tout un tas d’annonces officielles, c’est un canal de communication non négligeable, le bouche-à-oreille faisant le reste.

Donc rentrée lundi, et la nouvelle intéressante c’est que je vais devoir donner un cours qui n’était pas exactement celui que j’avais prévu, mais qui m’enchante tout de même : on a décidé de donner aux étudiants de L1 info, pour leur premier semestre, deux UE d’informatique, l’une orientée “logiciel” (introduction à l’informatique et à l’algorithmique impérative) et l’autre un peu plus “matérielle” (introduction à l’architecture des ordinateurs et des systèmes d’exploitation). Je vais avoir la joie (ceux qui me connaissent savent que je suis sincère, là) de donner le deuxième cours, mais je vais aussi participer assez largement à l’élaboration du premier, et des TP. J’en profite pour dire que si des gens à Rennes lisent ce blog et disposent d’une version électronique des cours d’archi de premier niveau, ça m’intéresse ;-)

Donc maintenant je dois vous laisser : on a deux jours pour préparer un semblant de salle informatique, celle qu’on utilisera pour les TP. Pour le moment il s’agit d’un débarras hétéroclitique (néologisme?) où l’on trouve quelques ordis hétérogènes. Le jeu pour moi aujourd’hui va consister à dépoussiérer, déterminer ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, et faire le bilan pour qu’on achète en vitesse câbles et onduleurs (je vous parlerai une autre fois de la joie quotidienne ou presque des coupures de courant) pour espérer avoir une salle semi-opérationnelle lundi…

Et, cerise sur le gâteau, on fait le parc du W ce week-end, les Italiens et moi, donc hors de question qu’on compte sur moi à la fac pour bosser samedi :-)

Salut tout le monde !

Fabrizio Broglia et Francesca Acquistapace, sa compagne, sont bien arivés vendredi dernier. Ils sont ici pour trois semaines et donnent un cours de géométrie différentielle. Samedi on s’est donc occupés de régler deux ou trois choses informatiques (mails distants, etc). Et mon week-end a duré deux jours : dimanche et lundi.

Dimanche j’ai passé la journée avec Issoufou, notre ancien gardien de nuit à la case de passage (son contrat prenait fin en fin de semaine dernière). On est allés chez lui, un village à quelques kilomètres de Niamey en descendant le fleuve. En arrivant on a été d’abord accueillis par la vache du consul du Niger au Burkina, dont son cousin a la charge. Elle est très belle et pas farouche, comme vous pouvez voir :

cornue pas farouche une bien belle vache

Donc super sympa, cette bonne grosse qui est déjà vieille et respectée au sein du troupeau, car elle a mis bas déjà pas mal de monde… Big up, la vache. On n’a pas ça en France, ces belles espèces à cornes.

Ensuite on a continué et fait un peu de pirogue sur le fleuve, histoire d’observer deux ou trois hérons qui s’envolent à notre approche, de jolis oiseaux et des passeurs avec leur pirogue chargée de bois, de fourrage ou de clients.

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Le fleuve c’est très joli, avec tout plein de nénuphars, alors je prends des photos :

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Ensuite on est allés chez lui, au village. Là je suis tombé nez-à-nez avec une petite chèvre toute mignonne qui a atterri dans mes bras. Au bout d’un moment, elle a voulu partir :

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La famille d’Issoufou est peul. Comme tous les peuls, ils sont très attachés à leur troupeau, et c’est assez agréable de vivre au milieu des bêtes, dans le village tout le monde déambule tranquillement, en bonne entente : ovins, bovins, humains, animaux de basse-cour, etc. Ca m’a permis de prendre la jolie photo qui suit (au fond c’est Erin, missionnaire américaine qui parle parfaitement le haoussa, en plus du français, de l’anglais, de l’espagnol et de l’italien).
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La journée ne s’est pas terminée là, après j’ai fait du cheval et deux ou trois autres choses, mais comme là je dois y aller je vous raconterai ça une autre fois.

Ici les nuits commencent très nettement à se rafraîchir. L’autre soir, alors que je m’étonnais de ressentir une sentation de froid, je suis allé chercher mon petit thermomètre porte-clefs… Lui qui m’avait accompagné jusqu’au fin fond de l’Écosse, sous d’autres températures, affichait maintenant 24-26 degrés ! Et effectivement, on commence à avoir froid quand les températures chutent à ce point…

Le matin c’est pire encore, vers 7 ou 8 heures on est à 22 degrés, plus ou moins. Ca va se rafraîchissant, si bien qu’à la fin de ce mois on devrait en être juste au-dessous des 20 degrés le matin ! Ça caille ! D’ailleurs les gens ici ne s’y trompent pas : l’un de mes étudiants nigériens, par exemple, arrive le matin à mon cours avec une doudoune, vous savez, ces trucs un peu rembourrés qu’on met quand il fait moins de 5 °C :-)

Morale de l’histoire : j’ai un peu peur de revenir en France fin janvier, si déjà j’ai froid autour de 25 degrés… Moi ce qu’il me faut, c’est du bon 40-42, comme d’habitude ici vers deux heures de l’après-midi (c’est encore le cas en cette période de l’année).

Tiens, tiens, à Rennes en ce moment, mon ami meteo.fr me dit que c’est 8 degrés le matin à 7 heures et 12 au plus fort de la journée… :-\

Bonjour à tous,

Je me rends compte (subtilement poussé par des gens qui comptent pour moi) qu’à part de jolies photos je ne vous en ai pas dit énormément sur mon quotidien ici… Alors je vais essayer de réparer ça en postant, pour une fois, un article qui sera plein de texte décousu mais exempt de photos.

Bon, ben je suis toujours logé dans une case de passage de l’université, c’est très confortable. Depuis le départ de Mohammed El Kahoui en fin de semaine dernière, j’y vis seul… Ou plutôt je devrais, puisque j’ai eu le plaisir (gasp!) de me farcir ces derniers jours ce mec imbuvable qu’est le dénommé Rodrigue, étudiant en géologie dont j’ai déjà dit du mal ici alors je vais ne vais pas en rajouter. Simplement, il ne paie pas sa nourriture et attend qu’on le nourrisse, ne boit pas, etc. Bref, un mec louche, n’est-ce pas ? Il devrait cependant me laisser tranquille à partir d’aujourd’hui, incha Allah.

Oui, ça me permet de rebondir sur le thème de la laïcité en théorie et en pratique. En théorie, le Niger est un pays laïque. Les textes de loi sont censés protéger les différents cultes et les membres du gouvernement, par exemple, ne devraient pas afficher leur appartenance religieuse. Enfin on peut lancer un long débat sur les différentes interprétations possibles du concept de laïcité, mais ce n’est pas mon propos. Le fait est que le Niger est, de façon très nette, un pays à majorité musulmane. On trouve dans les rues des abris aménagés avec au sol un tapis et au plafond un simple toit pour protéger les croyants de la pluie, et ce sont des lieux de prière utilisés lors des 5 prières quotidiennes. On remarque aussi quelques églises chrétiennes, adventistes du septième jour et compagnie, comme un peu partout en Afrique malheureusement. Personnellement, je vis non loin de la mosquée de mon quartier, donc je bénéficie des appels du muezzin… Les gens en général sont très croyants ici.

A part ça, deux personnes travaillent pour le compte de l’université à faciliter la vie aux gens qui viennent comme moi en mission ici : le cuisinier, Diara, prépare les repas lorsque je désire manger à la maison. Je lui file de quoi acheter les denrées nécessaires et il prépare, de main de maître. A part ça, nous avons Issoufou, gardien de nuit très sympa, qui a plus ou moins mon âge et avec qui je partage le repas du soir à la maison. On discute aussi pas mal, c’est un gars bien (vous avez vu, je découpe le monde en deux classes, “gars bien” vs “gars pas bien”. Pour le moment je n’ai mis que R. dans la deuxième catégorie :) ).

Bon, je reprends ma rédaction après une journée d’enseignement assez remplie : 3h de cours d’initiation à Linux pour des néophytes complets ce matin, et 1h30 d’anglais cet aprèm. Mes étudiants sont sympa, ça se passe plutôt bien. En plus on a approximativement le même âge, ce qui fait que j’ai droit à quelques tutoiements de temps en temps :-) C’est d’habitude assez rare entre “profs” et “élèves” dans ce coin du globe.
Ah oui, une chose d’importance : la nourriture :-)
Depuis mon retour de Cotonou j’ai pris l’habitude de manger à l’extérieur le midi et à la maison le soir, avec les bons petits plats que Diara me prépare. Au début (et jusqu’à très récemment), il avait l’habitude de nous faire plutôt des trucs “à l’européenne”, donc avec des ingrédients qui sont relativement chers sur le marché local pour une nourriture pas vraiment dépaysante. Ca fait partie des arguments, en plus de celui d’avoir le souci de lui laisser son week-end tranquille, qui m’ont poussé à examiner les solutions en termes de restauration rapide et locale dans le voisinage direct de ma case… Il faut que je vous dise que j’habite juste derrière la gare des mini-bus qui desservent Torodi et plus loin, à 80 km environ, la frontière avec le Burkina. C’est typiquement le genre de lieux où l’on trouve des jeunes et des moins jeunes, qui travaillent la journée à bourrer des mini-bus de passagers et de denrées en tout genre, et le midi ils sont contents de pouvoir manger un truc bon préparé par une femme qui se transforme aux heures de repas en bonne maman et en fée des casserolles pour tous les gens du coin.

Donc c’est dans ce genre de situation que j’ai pu goûter, ce samedi midi, au “dembou” (peut-être dit-on “dombou”, je ne suis pas trop sûr). Il s’agit d’une semoule très fine qu’on fait avec du maïs (des variantes existent à base de mil ou de sorgho). Cela se rapproche un peu du fonio, pour ceux qui connaissent. On sert ça avec des haricots ou bien du “kop’to” (qui veut dire “feuille” en haoussa) : il s’agit de petites feuilles qui ont un goux légèrement doux-amer.

En fait ce plat “c’est de la pure balle”, tout simplement. J’en mange quasiment tous les jours, pour 200F CFA il y a largement de quoi faire. Le samedi l’euphorie de ma découverte gastronomique m’a fait avaler 300 CFA de dembou, après je suis allé digérer en faisant une petite sieste à la maison…

Donc voilà, le midi je mange souvent au bord de la route, on peut manger de la viande grillée sans choper de trucs malsains (en tout cas ça ne m’est pas arrivé), puisque le bétail est nombreux ici et qu’il n’y a ni problèmes d’approvisionnement ni problème de stockage, donc à partir du moment où c’est bien cuit c’est OK.

Ah oui, pour ce qui est de la tenue vestimentaire, ceux qui me connaissent savent que ma tenue d’été “classique” s’articule autour d’un short “Air Jordan” noir, assez ample (c’est un short long façon rappeur baggy pour les personnes normales, pour moi c’est juste un peu en dessous des genoux). Il ne m’a pas quitté, rassurez-vous, je le porte presque tout les jours. Ca m’a valu une remarque d’un étudiant congolais tout à l’heure, qui disait qu’il ne se souvenait plus de m’avoir vu en pantalon. Mais vous-mêmes savez que quand il fait 53 degrés au soleil je porte un pantalon blanc à fines rayures verticales qui m’a été offert par ma soeur ;-)

Bon je vous laisse pour aujourd’hui, jen ai assez dit, et je rentre à la maison (il est 19h30, le campus est plongé dans l’obscurité, l’éclairage public c’est pas encore ça ici…)

Allez, je vous aime bien alors comme promis, bien que je n’ai toujours pas d’APN, je vous sors de mon stock quelques photos de coucher de soleil sur le fleuve Niger…

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Salut à tous,

Je suis de retour à Niamey, après le colloque en informatique auquel j’ai assisté à Cotonou. La capitale béninoise est toujours aussi surpolluée, je n’y suis resté que quatre jours mais ça me suffit !

On discutait récemment de la qualité de feu mon Nikon Coolpix L3, les gens le trouvaient si bien qu’on me l’a volé à Cotonou (disons que je l’ai laissé dans une salle assez fréquentée par les participants du colloque et que l’on ne me l’a pas restitué). On va donc faire une pause temporaire dans l’alimentation de ce blog en images fraîches, le temps que je trouve le moyen de me procurer un appareil de substitution. En attendant, je peux vous faire profiter de tout un tas de photos prises et non publiées, par exmple de belles photos de girafes ou des vues du fleuve Niger depuis le Grand Hôtel :

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